Afrique subsaharienne

Les chefs africains et les gays ; un génocide gay est proche ?

Rédaction en français par Denis LeBlanc
(Also published in English)

Dans cet extrait à glacer le sang d’un article en Anglais plus long du révérend chanoine Kapya Kaoma, un chercheur des droits de la personne prêtre anglican de la Zambie, il discute les raisons des diatribes contre les personnes LGBT par les gouvernants africains comme le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, et le président gambien Yahya Jammeh.

Le président zimbabwéen Robert Mugabe (à gauche) et le président gambien Yahya Jammeh (à droite) (Photo de l'ARP)

Le président zimbabwéen Robert Mugabe (à gauche) et le président gambien Yahya Jammeh (à droite) (Photo de l’ARP)

Le président zimbabwéen Robert Mugabe : Les homosexuels sont «pires que les porcs et les chiens.»

Le président gambien Yahya Jammeh : «Nous allons battre ces vermines appelés les homosexuels ou les gays de la même façon que nous nous combattons les moustiques vecteurs du paludisme.»

 

Le plus grand bouc émissaire des politiciens africains

Par le Rév. Canon KAPYA KAOMA

Artists' view of colonialism in Africa. (Image courtesy of UTexas.edu)

Vision artistique du colonialisme en Afrique (Image de l’UTexas.edu )

… Beaucoup de gens se demandent pourquoi ces chefs et présidents font de telles déclarations horribles sur leur propre population LGBTQI alors que de nombreuses minorités sexuelles africaines vivent déjà dans la clandestinité et dans la peur pour leur vie. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces mots sont presque toujours utilisés dans le cadre d’attaque de l’Occident ou de la culture occidentale. En adoptant l’affirmation selon laquelle l’homosexualité est étrangère à l’Afrique et n’existe qu’en Occident, leur dénonciation de l’homosexualité est considérée comme riposte contre le néo-colonialisme ou l’impérialisme qui, à son tour, gagne historiquement de larges éloges de leurs électeurs.

Il est vrai que les pays occidentaux n’ont pas toujours agi dans l’intérêt de l’Afrique (et c’est une atténuation), mais c’est déplorable d’utiliser l’Ouest comme une excuse pour persécuter et emprisonner des innocents. Les politiciens comme Mugabe et Jammeh, qui ont volé leurs nations respectives de milliards de dollars sont également responsables des états économiques désastreux de leur pays. Ces dirigeants africains condamnent les gays et l’Ouest et les utilisent comme bouc émissaire pour détourner l’attention des vrais problèmes auxquels sont confrontés leurs pays et pour cacher leur propre incompétence, corruption et despotisme.

Mais cela soulève une autre question :

  • Avons-nous, en tant qu’Africains,  des normes morales pour notre propre discours auquel nous nous tenons responsable?
  • Sommes-nous si aveuglés par la haine pour les homosexuels que nous ne voyons pas leur humanité?
  • Même ceux qui ne peuvent pas convenir que les personnes LGBTQI devraient avoir pleine égalité devant la loi devraient, à tout le moins, tous s’accorder à dire qu’il est immoral pour un chef d’État de dépouiller les citoyens de leur humanité?
  • N’est-il pas immoral que nos chefs religieux s’assoient en silence alors que les politiciens comparent nos frères humains à des chiens, à de la vermine, à la lèpre, à la gonorrhée, aux bactéries et à la tuberculose?

Il est ironique que Mugabe et Jammeh aient prononcé leurs mots lors de célébrations de l’indépendance de leur pays, reconnaissant qu’on les a une fois considéré moins qu’entièrement humain par des gouvernements coloniaux. Ces dirigeants ont oublié qu’il n’y a pas longtemps que c’était nous qui ont été déshumanisés – un moment où le meurtre d’un africain était considéré un moindre mal.

Est-ce qu’aucun de mes compatriotes ne voit rien mal avec l’utilisation de ces mêmes mots contre notre propre peuple ?

En tant qu’Africains, nous n’avons pas besoin de nous rappeler que la première étape sur la voie de génocide est d’effacer l’humanité de vos adversaires. Au Rwanda, les Tutsis étaient déshumanisés comme les cafards – ce qui a contribué à justifier leur massacre. Un autre parallèle historique peut être fait pour les juifs (et les homosexuels) dans l’Allemagne nazie lorsque leur vie ont été réduites à des caricatures honnis.

Sharon Slater, co-founder of Family Watch International (Photo courtesy of PRA)

Sharon Slater, co-fondateur de la Famille Watch International (Photo PRA )

Bien sûr, l’ironie ultime de cette triste histoire est que ce n’est pas les personnes LGBTQ qui sont étrangers à l’Afrique, mais plutôt de la rhétorique anti-LGBTQ qui est utilisé contre eux. Les mots de Jammeh et de Mugabe ont été si fortement influencés par les conservateurs – des personnes basées aux États-Unis comme Sharon Slater, Scott Lively, Lou Engle, et Rick Warren, et aussi des organisations américaines  comme le Centre américain pour la loi et la justice (ACLJ). Ils sont tous parmi des centaines d’autres guerriers de la culture des États-Unis, qui nient que les droits des LGBT sont des droits humains et qui propagent leurs croyances en Afrique où il y a peu de protections juridiques, religieuses, ou policière pour les minorités sexuelles.

Il est temps pour toutes les nations du monde ensemble avec les chefs religieux, les églises et les organisations, pour défendre l’humanité des minorités sexuelles sur le continent africain. Les personnes LGBT sont des êtres humains avec des droits humains à être protégés et défendus; de sanctionner leur destruction est un crime contre l’humanité. La communauté internationale doit exiger ouvertement les droits humains pour tous les êtres humains, indépendamment de leur orientation sexuelle.

Si nous ne le faisons pas, alors les dirigeants comme les présidents Jammeh et Mugabe continueront à utiliser les mots des conservateurs américains pour inciter l’abattage de leurs propres citoyens. L’Afrique est entrée dans une phase dans laquelle le génocide contre les minorités sexuelles est en vue.

Pour plus d’informations, lire le commentaire complet, en Anglais, du Political Research Associates : “LGBTQ Rights – African Politicians’ Biggest Scapegoat.” (Droits des LGBTQ – La plus grande bouc émissaire des politiciens africains.)

À propos de l’auteur :

Le révérend chanoine John Kapya Kaoma (Photo de BU.edu)

Le révérend chanoine John Kapya Kaoma (Photo de BU.edu)

Le révérend chanoine John Kapya Kaoma, est chercheur de la religion et la sexualité du Political Research Associates (PRA) au Massachusetts. Il est prêtre anglican ordonné avec un intérêt particulier pour les droits humains, l’éthique écologique, et la mission. Après un voyage en Ouganda, le révérend Kaoma a produit un rapport pour le PRA en 2009 intitulée «La mondialisation des guerres de la culture : conservateurs américains, églises africaines, et l’homophobie» qui a incité des invitations à témoigner au Congrès des États-Unis et aux Nations Unies. En 2012, il a suivi cette recherche dans l’exportation de l’homophobie  par la droite chrétienne américaine avec un autre rapport, «La colonisation des valeurs africaines» et il apparaît comme une voix experte en 2013 au documentaire «Dieu aime l’Ouganda.» Son nouveau livre, «Guerriers de la culture américaine en Afrique : un guide des exportateurs de l’homophobie et du sexisme», est prévu pour la publication ce mois-ci, en coïncidence avec la projection le 19 mai de «Dieu aime l’Ouganda» au réseau de télévision américain le PBS.

Kaoma est actuellement recteur de l’église du Christ, Hyde Park, au Massachusetts, et chercheur invité au Boston University Center for Global Christianity and Mission (Centre de l’Université de Boston pour christianisme global et la mission). Il a obtenu son doctorat en éthique de l’Université de Boston. De 1998 à 2001, il a été doyen de la cathédrale de Saint-Jean à Mutare au Zimbabwe, et professeur de l’Université de l’Afrique, où il a co-écrit un texte sur l’éthique, «L’unité dans la diversité». De 2001 à 2002, il a été le doyen du Séminaire anglican de Saint-Jean à Kitwe, en Zambie, où il a lancé un programme d’études des femmes et des programmes de formation à l’école de l’église.

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