Afrique subsaharienne/International

Le « sentiment anti-occidental » n’a pas attendu la communauté LGBT+ pour s’exprimer

La récente discussion à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar entre Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat à l’élection présidentielle française de 2022 et Ousmane Sonko, le nouveau premier ministre sénégalais, a été l’occasion d’une joute verbale attendue autour des communautés LGBT+.

A cet effet, Ousmane Sonko, maintes fois accusé d’homophobie a pu développer ses idées et sa vision du militantisme LGBT+ en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité, puisqu’il y voit notamment un vecteur actuel du « sentiment anti-occidental dans beaucoup de parties du monde ».

Une marche des fiertés aux Etats-Unis, symbole de la visibilité LGBT+ (@biggayhudsonvalley sur Instagram)

Pourtant la Guinée-Bissau voisine a dépénalisé l’homosexualité dès 1993, suivi par le Cap-Vert en 2004, bien avant que les droits des personnes LGBT+ soient sous le feu de la rampe à l’échelle internationale.

A contrario, le sentiment occidental existe en Afrique depuis l’époque des premières frictions entre les populations autochtones et les marines européennes. On peut aussi le faire dater de l’époque de la Reconquista, lorsque les Espagnols et les Portugais se sont emparés de Ceuta, Melilla et d’autres villes côtières du Maroc.

Plus récemment, les guerres de libération anti-coloniale, en Algérie, en Afrique du Sud, au Kenya ou dans les anciennes colonies portugaises ont pu nourrir l’anti-occidentalisme, tout comme les assassinats de leaders panafricanistes, à l’instar de Sylvanus Olympio au Togo, de Patrice Lumumba en République Démocratique du Congo ou de Thomas Sankara au Burkina-Faso.

En tout état de cause, les communautés LGBT+ menant un combat en faveur du respect dû à la dignité humaine et de la dépénalisation de l’homosexualité ne sauraient être tenus pour les bouc-émissaires de l’éloignement très relatif entre les sociétés civiles des pays du Sud et celles des pays du Nord.

Aussi, faudrait-il plutôt s’interroger sur l’instrumentalisation des combats en faveur de l’égalité par les anti-occidentalistes, afin de trouver de nouvelles lignes de clivages entre l’Occident et le reste du monde, comme si les droits LGBT+ étaient sanctuarisés en Europe et en Amérique du Nord et comme si l’Amérique Latine ou l’Inde, voire une partie de l’Afrique n’étaient partie prenante du processus global d’acceptation des minorités sexuelles et de genre, en s’appuyant sur leur leg et leur héritage culturel précolonial, autochtone, ancestral.

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