La vie des personnes intersexuées n’est point facile au Cameroun. Elle sontt confrontées au rejet, comme d’autres personnes LGBTI. Cependant à la différence des personnes gaies et lesbiennes, elles n’ont aucune structure vers laquelle s’orienter pour leur venir en aide.

Le drapeau de la communauté intersexe flotte devant le siège du parlement néo-zélandais, en 2018, à l’occasion de la Journée Internationale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie. (Photo de Jan Logie, Star Observer)
Par Courtney Stans
Âgée d’une trentaine d’années, HH (pseudonyme) se présente comme une jeune femme intersexuée vivant à Yaoundé. Elle désire que l’on utilise le pronom « elle » à son sujet. Elle partage la maison familiale avec ses sœurs. En butte au rejet de ses proches, elle souhaite s’extraire de sa condition à tout prix.

Des sandales décorées et vendues par HH.
Malade et souffrant régulièrement d’anémies sévères qui pourraient être dues à sa constitution selon des médecins, HH n’a pas les moyens financiers d’entreprendre des examens approfondis.
Evoluant dans un environnement violent, avec des quolibets et des moqueries, HH a perdu très jeune ses parents et n’a donc pas pu poursuivre sa scolarité à un stade avancé, en dépit de résultats fort convenables. Il faut savoir qu’au Cameroun, l’école est payante.
Au quotidien, HH subsiste de l’économie informelle à travers la confection de sandales et de tableaux à vendre.
Pour s’extraire de cette précarité et de cet environnement hostile, HH émet quelques souhaits : « j’ai besoin d’aide afin d’entamer une formation et de pouvoir devenir autonome, avec mon propre logement. C’est très difficile d’être intersexuée au Cameroun et de devoir subir les caprices de votre famille qui vous fait comprendre que vous lui faites honte, en vous traitant de monstre. »
Le Cameroun n’a pour l’heure pas mené de réflexion autour de la situation des personnes intersexes et les organisations communautaires locales s’adressent prioritairement aux personnes LGBT, en particulier sur les questions de santé et de droits humains.
Les personnes intersexes et leurs problématiques ne trouvent pour l’instant aucune visibilité sociale, alors que leurs difficultés d’inclusion sont réelles.
L’auteure de cet article, Courtney Stans, est une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.