Afrique subsaharienne/Commentaire

Scientifiques : Aucun choix d’être gay, aucun recrutement gay

Rédaction en français par Denis LeBlanc.
(Also published in English)

Chris Beyrer, directeur du Centre de la santé publique et des droits de la personne à l'École de la santé publique Bloomberg à l’Université Johns Hopkins. (Photo de l'Université Johns Hopkins)

Chris Beyrer, directeur du Centre de la santé publique et des droits de la personne à l’École de la santé publique Bloomberg à l’Université Johns Hopkins. (Photo de l’Université Johns Hopkins)

La croyance erronée que l’orientation sexuelle est un choix, au lieu d’un aspect fixe de l’identité d’une personne, soutiens les lois anti-homosexuelles en Ouganda, au Nigeria et à bien d’autres parmi les 76 et plus pays avec des lois anti-homosexuelles.

Cette manière de pensée défectueuse est contredite par des preuves scientifiques sur la nature de l’homosexualité, résumées par le Dr Chris Beyrer dans une revue des études scientifiques pertinentes de ces dernières décennies. Beyrer est médecin et aussi titulaire d’une maîtrise en santé publique.  Il dirige le Centre de la santé publique et des droits de la personne à l’École de la santé publique Bloomberg à l’Université Johns Hopkins.

Sur la base de son examen, Beyrer a critiqué un rapport prétendument scientifique que utilisé par le président ougandais Yoweri Museveni pour justifier sa signature à la loi anti-homosexuelle de l’Ouganda. Beyrer a déclaré :

« Le rapport dévie largement de la preuve scientifique disponible et répète l’argument de longue date et non basé sur des preuves que puisque les homosexuels ne peuvent pas se reproduire, ils doivent ‘recruter’ des enfants et les inculquer dans l’adoption d’un style de vie homosexuelle. »

Des affirmations semblables ont été faites « en 2013, dans le cadre de l’argument pour l’adoption de la loi de la propagande anti-homosexuelle de la Russie, » at-il noté. En outre, il a dit:

Image from MUWRP website.

Image du site web du Projet Walter Reed de l’Université de Makerere.

« Les déclarations des autorités ougandaises après le raid récent sur ​​la Clinique de VIH  Walter Reed de l’Université de Makerere en Ouganda (en avril 2014), et des déclarations similaires du gouvernement du Kenya après une (en avril 2014) descente sur la clinique à Kisumu au Kenya, à la fois affirment la (fausse) allégation que ces cliniques ont tenté de «recruter» des jeunes hommes dans l’homosexualité. »

Beyrer n’a trouvé aucune preuve scientifique que ce «recrutement» a eu lieu ou est même possible. Il a conclu :

La «propagande» homosexuelle, comme cela peut se dire d’exister, n’est pas plus susceptible de changer l’orientation hétérosexuelle que la propagande hétérosexuelle est susceptible de changer l’orientation homosexuelle. Cette réalité est essentiel pour enlever du mérite à l’argument selon lequel l’homosexualité est une menace pour l’hétérosexualité, et que les personnes LGBT cherchent à recruter et à convertir les hétérosexuels».

Des résultats semblables ont été présentés par des scientifiques chinois dans un rapport qui a été rendu public après que Beyrer ait écrit son rapport. Le système nerveux des femmes droites et de gays répond automatiquement à un stéroïde lié au sexe émis par les hommes, ces scientifiques ont déclaré, alors que le système nerveux des hommes hétérosexuels et les lesbiennes répond automatiquement à un stéroïde différent lié au sexe émis par les femmes. (Ce rapport scientifique, « Communication sensorielle-chimique du genre par deux stéroïdes humains…, (« Chemosensory Communication of Gender through Two Human Steroids …, ») a été discuté dans un article du Gay Star News la semaine dernière.)

Le rapport complet de Beyrer (ci-dessous) comprend également des preuves sur les conséquences négatives de la thérapie de conversion et d’autres questions connexes de l’orientation sexuelle et l’identité et l’expression du genre (SOGIE) en Ouganda et au-delà.

REVUE DES PREUVES SUR LES QUESTIONS LGBT

Recrutement, thérapie de conversion, orientation sexuelle et identité du genre

Par le professeur Chris Beyrer, M.D., M.P.H.

Directeur du Centre de la santé publique et des droits de la personne à l’École de la santé publique Bloomberg à l’Université Johns Hopkins.

Symboles du genre et de l'orientation sexuelle (Crédit photo : Wikipédia)

Symboles du genre et de l’orientation sexuelle (Crédit photo : Wikipédia)

L’adoption récente de lois qui criminalisent les comportements ou l’identité homosexuelle entre adultes consentants, y compris les lois qui criminalisent ce qu’on a appelé la «propagande homosexuelle» à des degrés divers, ont fait des arguments favorisant ces lois fondées sur des preuves scientifiques prétendues. Dans le cas du projet de loi Bahati en Ouganda, le Président Museveni de l’Ouganda a approuvé la loi en 2014.  Mais avant de signer, Museveni a demandé un réexamen de la preuve disponible sur les origines de l’homosexualité chez l’homme. Le document intitulé «Déclaration scientifique du Ministère de la santé sur l’homosexualité» du 10 février 2014, a été chargé par le président ougandais de répondre à deux questions:

Le président ougandais Yoweri Museveni

  1.  Y at-il une base scientifique/génétique pour l’homosexualité ?
  2.  L’homosexualité peut être appris et désappris ?
Ugandan President Yoweri Museveni

Le président ougandais Yoweri Museveni

Le processus adopté afin de répondre à ces questions n’a pas été révélé par le comité et après la publication du document deux personnes scientifiques ont démissionné du comité en signe de protestation, déclarant que les résultats avaient été manipulés et ne rapportaient pas fidèlement les conclusions du comité. [« Des conseillers ougandais ont falsifié le rapport pour soutenir le projet de loi anti gay » ]  Néanmoins, le président Museveni a signé le projet de loi.

Le secrétariat aux médias à la Maison blanche à Washington a publié une déclaration le 24 février 2013 notant que la loi criminalisant l’homosexualité encore plus en Ouganda représente un pas en arrière pour la liberté, la justice et l’égalité des droits et sapera la santé publique, y compris les efforts visant à lutter contre le VIH. Une évaluation de l’effet sur la santé de la loi prédit qu’elle serait susceptible de dégrader le capital social, d’accroître la stigmatisation, d’entraver les soins pour les personnes vivant avec le VIH, et avoir des conséquences négatives pour la santé publique (Semugoma et al. 2012).

Depuis, plusieurs autres pays envisagent une législation comparable, dont le Kenya, la République Démocratique du Congo, le Ghana, la Gambie. Étant donné que le Nigeria, la Russie et l’Inde ont déjà vu des revers juridiques importantes pour les droits des LGBT, il est important de comprendre la pensée derrière cette loi et d’utiliser les informations et les données sur lesquelles la décision de l’approuver a été fondée au moins en partie.

Le rapport de l’Ouganda explore une gamme assez large de la preuve en ce qui concerne l’homosexualité. Il reconnaît que l’homosexualité est présente en Ouganda, et faisait partie de la société ougandaise avant la colonisation européenne. Étant donné le degré de stigmatisation et de discrimination à l’égard des personnes LGBT ougandaises, ces affirmations sont une avance de la pensée fondée sur les preuves.

Des préoccupations, cependant, restent au sujet de la deuxième question du rapport, à savoir si l’homosexualité peut être apprît ou désapprit.

Dans cette section, le rapport s’écarte largement des preuves scientifiques disponibles et répète l’argument erronée de longue date qu’étant donné que les homosexuels ne peuvent pas se reproduire, ils doivent «recruter» les enfants et les inculquer à adopter un mode de vie homosexuel. C’est l’argument familier de mouvements religieux conservateurs dans de nombreux pays, y compris aux États-Unis. Il est aussi apparu dans le cadre de l’argument pour l’adoption de la loi de la propagande anti-homosexuelle en Russie en 2013.

Signatories to the UN declaration on sexual orientation and gender identity (mostly in Europe, Americas, and Australia) and countries opposed (mostly in Africa and the Middle East). (Map courtesy of Wikimedia Commons)

Les signataires de la déclaration de l’ONU sur l’orientation et l’identité sexuelle (surtout en Europe, aux Amériques et en Australie) et les pays opposés (principalement en Afrique et au Moyen-Orient. (Carte de Wikimédia Commons)

Les déclarations faites par les autorités ougandaises après la descente récente sur ​​une clinique de VIH Walter Reed de l’Université de Makerere en Ouganda (en Avril 2014), et des déclarations similaires du gouvernement du Kenya après une descente (avril 2014) d’une clinique à Kisumu, au Kenya, à la fois affirment la (fausse) allégation que ces cliniques ont tenté de «recruter» des jeunes hommes dans l’homosexualité. L’argument du «recrutement» est toujours au cœur de ces allégations anti gay. Le fait que la preuve scientifique et clinique démontre de manière systématique que l’orientation sexuelle (hétérosexuelle, homosexuelle, ou autre) est un attribut fortement fixe du soi et ne se prête pas à changer par des facteurs externes, les tentatives de thérapie, ou des approches basées sur la foi, est d’importance critique pour contester ces arguments.

Les données et les références qui contredisent les arguments de recrutement et de conversion comprennent :

Preuve que les premières expériences avec le comportement sexuel de même sexe ne conduisent pas à l’orientation homosexuelle plus tard dans la vie (Bell et Weinberg , 1978).

Les parents de même sexe ne sont pas plus susceptibles d’avoir des enfants homosexuels que ceux élevés par des parents hétérosexuels (Stacey et Biblarz, 2001, Bailey et al., 1995, Bozett, 1980, Hanson et Bozett 1987, Bozett 1989, Golombok et al ., 1996, Green 1978, Huggins,1989, Miller, 1979).

Les thérapies de conversion et / ou dites réparatrices, qui cherchent à changer l’orientation sexuelle ne sont pas prouvé efficaces, mais ils ont démontré à … causer du tort, en particulier chez les adolescents LGBT (Beyrer, 2011). Les conséquences négatives et mesurables de la thérapie de conversion comprennent des niveaux accrus de la haine de soi, la dépression, les pensées suicidaires, la dysfonction sexuelle à long terme, l’augmentation de l’anxiété ou l’agressivité, la diminution de l’estime de soi, l’isolement social, la perte de la famille et de la spiritualité  et, quoique rarement, la mort pendant la thérapie de conversion ou d’aversion (Beckstead et Morrow, 2004, Haldeman, 1994, Haldeman, 2004, Johnston et Jenkins 2006, King et Bartlett, 1999, Shidlo et Schroeder, 2002, Steigerwald et Janson, 2003, Tozer et McClanahan, 1999) .

La plupart des études de la thérapie de conversion ont des lacunes méthodologiques. Une revue de la littérature sur l’efficacité de la thérapie de conversion a indiqué que la plupart des études n’ont pas réussi à répondre aux critères de l’Association des psychologues américains (American Psychological Association) pour le traitement fondée sur des preuves (Cramer et al., 2008).

Le traitement de conversion a été rejetée par presque toutes les organisations professionnelles, dont l’Association des psychiatres américains (American Psychiatric Association), l’Association des psychologues américains (American Psychological Association) , l’Association de la pédiatrie américaine (American Academy of Pediatrics),  l’Association nationale des travailleurs sociaux , l’Association des médecins américains (American Medical Association), l’Association américaine des adjoints au médecins, le Collège royal des soins infirmiers, le Collège royal des psychiatres, et la Société des psychologues de l’Afrique du Sud. En raison des préjudices bien documentés de cette approche, la thérapie de conversion a été rendue illégale dans un certain nombre d’États américains dont la Californie et plus récemment au New Jersey  et dans de nombreux pays à l’échelle internationale. [Voir aussi l’article de ce blog «Thérapie ex- gay» : Ce que les experts de renom disent ]

Dans ces circonstances, cet ensemble de preuves est déterminante que l’homosexualité n’est pas un choix et n’est pas «appris» ou «désappris» ou affecté par le contact avec des personnes homosexuelles, pas plus que l’orientation hétérosexuelle est un choix.

Il s’agit plutôt d’une variante de l’orientation sexuelle humaine et un aspect immuable du soi.

La «propagande» homosexuelle, comme cela peut se dire d’exister, n’est pas plus susceptible de changer l’orientation hétérosexuelle que la propagande hétérosexuelle est susceptible de changer l’orientation homosexuelle. Cette réalité est essentiel pour enlever du mérite à l’argument selon lequel l’homosexualité est une menace pour l’hétérosexualité, et que les personnes LGBT cherchent à recruter et à convertir les hétérosexuels».

Voici un lien vers l’article [en anglais], y compris les notes et les références spécifiques.

 

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