Afrique subsaharienne

Sénégal : La communauté LGBT+ face à la nouvelle donne politique issue des élections présidentielles

Bassirou Diomaye Faye, candidat des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) et opposant désigné du président sortant Macky Sall qui ne pouvait se représenter, a été triomphalement élu en ce dimanche 25 Mars 2024, avec 56% des suffrages exprimés. Son challenger, Amadou Ba, issu du parti au pouvoir arrive second avec 31%.

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Le nouveau président de la république du Sénégal est un proche d’Ousmane Sonko qui l’a d’ailleurs adoubé, tandis que le Pastef a été porté par une large coalition conservatrice dans laquelle on retrouve And Samm Djikko Yi (Ensemble pour la défense des valeurs en wolof), un groupe de pression homophobe qui voulait surpénaliser l’homosexualité au Sénégal en décembre 2021.

Pour 76crimes, Medoune qui est bisexuel nous livre son ressenti sur place à Dakar, alors que la législation actuelle concernant la criminalisation de l’homosexualité pourrait être renforcée. Pour rappel, l’homosexualité est passible de 5 ans de prison et de 1,5 million de francs CFA d’amendes (2500 euros), au Sénégal.

Diomaye Faye ici durant sa campagne électorale (ING: @dakarbuzz)

76crimes : « Pour qui avez-vous voté ce dimanche ? »

Medoune : « J’ai voté pour Bassirou Diomaye Faye, car je voulais l’alternance et le changement pour mon pays, après 12 années de gestion clientéliste et autoritaire, avec Macky Sall qui a essayé de se maintenir au pouvoir et qui instrumentalisait la justice pour pouvoir faire enfermer ses opposants. D’ailleurs, jusqu’au bout, j’ai eu peur que le processus électoral soit entaché d’irrégularités ».

76crimes : « Ne craignez-vous pas que le Sénégal ne devienne une république islamique en raison des appuis dont il bénéficie dans l’opinion et au sein de la société civile ? »

Medoune : « Il s’agit là d’un fantasme occidental et d’un épouvantail que les gens à l’extérieur du Sénégal se plaisent à brandir pour se faire peur et discréditer l’opposition à l’ex-président, Macky Sall.

Nonobstant la recrudescence des attaques armées des islamistes au Sahel, concernant le processus démocratique sénégalais, il s’agit d’une crainte irrationnelle qui ne résiste pas aux faits. La société sénégalaise est complexe et même s’il existe des islamistes au Sénégal, il y a une marge entre le conservatisme sociétal, où l’homosexualité est déjà sévèrement réprimée et l’avènement d’une république islamique. D’ailleurs, les sénégalais restent attachés à certaines pierres angulaires du pays, tels que la laïcité et la liberté ».

76crimes : « Diomaye Faye est-il homophobe ? »

Medoune : « Le nouveau président est issu du même sérail politique qu’Ousmane Sonko qui avait soutenu les revendications d’And Samm Djikko Yi, afin que l’homosexualité puisse être passible de 10 ans d’emprisonnement et de 5 millions de francs CFA (7600 euros) d’amendes. (N.D.L.R. : Finalement en janvier 2022, l’assemblée nationale sénégalaise avait refusé d’examiner cette proposition de loi en arguant du régime de condamnation de l’homosexualité très strict déjà en vigueur dans le pays).

Aujourd’hui, il n’y a pas de raison de penser qu’il envisage de traiter les communautés LGBT+ sous un angle qui soit très différent. De toute façon, je ne l’ai jamais entendu s’exprimer sur ce sujet et l’enjeu de l’élection portait sur la sauvegarde de la démocratie. C’est pour cette raison là que les gens se sont déplacés dans les urnes ».

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