En réponse à un article publié dans les colonnes de 76crimes le 17 juillet dernier, un groupe de médecins et de militants des droits humains tiennent à assurer les citoyens camerounais de l’importance de la conférence anti-sida AFRAVIH de l’an prochain.

L’article intitulé « Cameroun : Le défi d’une conférence contre le VIH dans un pays LGBTphobe » mentionne le barrage de critiques qui a conduit à l’annulation de la visite prévue en juin au Cameroun de Jean-Marc Berthon, l’ambassadeur français pour les droits des personnes LGBT+. Des organisations de la société civile camerounaise l’avaient en effet invité à venir discuter des questions de genre, sur place.

Inquiets que cet article ait jeté une lumière négative sur AFRAVIH, les organisateurs de la conférence ont aé la réponse suivante :

Droit de réponse

Nous, organisations impliquées dans la préparation de la prochaine conférence AFRAVIH 2024 à Yaoundé, avons pris acte de cet article qui met en lumière les enjeux et les défis auxquels nous sommes confrontés pour organiser cet événement. Il est vrai que nous devons faire face à des obstacles juridiques, culturels et sécuritaires pour promouvoir la santé et les droits des populations clés au Cameroun. Cependant, nous voudrions apporter quelques précisions sur certains points évoqués dans l’article.

Tout d’abord, nous voulons souligner que la conférence AFRAVIH n’est pas seulement destinée aux populations clés, mais qu’elle s’adresse à tous les acteurs de santé impliqués dans la lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles. Il s’agit d’un événement scientifique et communautaire qui vise à partager les connaissances, les expériences, les avancées et les bonnes pratiques en matière de prévention, de dépistage, de traitement et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida. La conférence est ouverte à tous les professionnels de santé, qu’ils soient médecins, infirmiers, pharmaciens, chercheurs, éducateurs, travailleurs sociaux ou organisations communautaires.

Ensuite, nous voudrions rappeler que la conférence AFRAVIH bénéficie du soutien et du parrainage de plusieurs institutions nationales et internationales, telles que le cabinet du Premier ministre du Cameroun, le Ministère de la Santé publique, l’Organisation Mondiale de la Santé, l’ONUSIDA… Ces partenaires sont également responsables de la réalisation et de l’organisation de cette conférence et s’assurent du respect des normes éthiques et déontologiques afférentes.

Enfin, il existe des canaux d’échanges et de discussions entre les équipes d’organisation et les autorités sécuritaires du pays. Nous rappelons aussi que l’attribution d’une telle conférence est encadrée par l’obligation du pays hôte à garantir l’accès au territoire par l’octroi de visas sans discrimination et sans stigmatisation aucune à toute personne qui répond aux conditions d’entrée sur le territoire camerounais ; la disponibilité des infrastructures pour abriter la conférence et loger les participants et la garantie d’assurer la sécurité de tous les intervenants durant la période de la conférence ( sur site et hors site ) notre pays a rempli ces conditions et jusqu’à présent aucune d’elle n’a été révoquée.

Toutefois, nous sommes conscients que la question des droits des populations clés reste sensible et controversée dans notre pays, néanmoins, grâce au volet sanitaire ces populations bénéficient d’un accompagnement sur le plan sanitaire et c’est dans cet optique que l’Etat du Cameroun est le principal récipiendaire de projets qui mettent en œuvre des actions de santé et de protection des droits humains en direction des publics vulnérables.

On peut citer notamment le projet en faveur de “l’ accélération de la prévention des nouvelles infections auprès des populations clés pour réduire le taux de morbidité et de mortalité lié au VIH d’ici 2023’’ financé par le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ou encore le projet CHILL (financé par le PEPFAR).

Nous autres acteurs de la société civile, connaissons l’engagement de longue date de 76crimes au côté des organisations de défense des minorités sexuelle et de genre dans la lutte pour le respect des droits humains. Et pour cela il est important de s’assurer que les articles publiés contribuent véritablement à cela, plutôt que de cristalliser les tensions autour d’AFRAVIH 2024.

Ainsi, nous réitérons notre volonté à travailler en étroite collaboration avec 76crimes et en synergie avec toutes les organisations et les organes de médias afin de diffuser des informations idoines relatives à cette conférence, car le chemin menant à la maîtrise de l’épidémie est encore long mais possible.

C’est à cet effet que ce droit de réponse vous a été adressé. Nous en profitons pour réaffirmer auprès de toutes les parties prenantes de notre volonté à poursuivre le travail collaboratif entamé (Etat, société civile, média) pour la pleine réussite de cette conférence.

Signataires :

• Kevin AMBAH EVINA. directeur exécutif de l’ONG Affirmative Action.
• Mathias KAMEN LIWANDJI, Directeur Exécutif, de l’ONG CAMFAIDS
• Chanel KOUANKEP, psychologue et défenseur des droits des personnes transgenres
• Sandrine ATEH, directrice exécutive de l’ONG Association pour la Valorisation de la Femme (AVAF)
• Dr Charles KOUANFACK, Hôpital Central de Yaoundé
• Franz MANANGA, directeur de l’ONG Alternatives Cameroun
• Jacques OMBILITEK, directeur des programmes, coordonnateur national du Programme Fonds Mondial de l’ONG Affirmative Action
• Joseph MESSINGA, secrétaire permanent de Fierté Afrique Francophone
• Silvère TCHOMNOU, responsable chargé du plaidoyer de l’ONG Affirmative Action