« DEFENSEURS SANS FRONTIERES » a entrepris de sensibiliser des activistes quant aux stratégies de prévention et de riposte à adopter en cas de violences fondées sur l’identité de genre, à l’ère de la COVID-19.

Par Courtney Stans
Comme la plupart des pays du monde, le Cameroun est en état d’urgence. Désormais, le port de gants, de masques et l’usage de gel hydroalcoolique sont de rigueur. En cette période trouble et de crise sanitaire, les mesures d’exception justifiées par l’épidémie servent aussi à museler les défenseurs des droits humains au Cameroun. Par ailleurs, concomitamment, les violences envers les personnes LGBTI se multiplient de la part des forces de l’ordre, dans un contexte où leur pouvoir est accru.

Pour faire face à cette situation inédite, DEFENSEURS SANS FRONTIERES a organisé avec l’appui financier de COC NEDERLAND, une formation destinée aux activistes quant aux stratégies d’adaptation possibles pour continuer à agir en faveur des droits humains et prévenir les violences visant les minorités sexuelles.
Cette formation de deux jours s’est tenue dans la salle de conférence des Jardins d’EDEN située au carrefour d’HYPTECK à proximité de Yaoundé, du 21 au 22 Mai dernier. Parmi les 25 participants, on compte 13 activistes LGBTI et 12 activistes issus d’autres ONG.
Cette formation a été supervisée par Maitre Stéphane ABOA, coordinateur exécutif chez DSF et Nickel LIWANDI, directeur exécutif de la CAMFAIDS. Malgré quelques appréhensions sur la cohésion du groupe en raison de sa diversité, les échanges se sont bien déroulés, dans le respect et le non-jugement.
Cet échange a permis d’identifier quelques pistes afin d’assurer une continuité et un suivi auprès des publics vulnérables dont font partie les personnes LGBTI. Pas moins de 13 axes ont été identifiés :
1. Le télétravail.
Cette mesure doit permettre d’assurer une continuité des services, à condition bien sûr que l’on dispose d’un ordinateur et d’une connexion internet.
2. Limiter les rassemblements de plus de 50 personnes.
Cette mesure doit permettre de redéployer les activités de sensibilisation ou de plaidoyer qui peuvent alors se faire sous forme de webinaire, en ligne.
3. Remplacer les groupes de parole, par du « door-to-door ».
Cette stratégie du « door-to-door » doit permettre aux travailleurs sociaux de se tourner vers leur public-cible, dans le strict respect des mesures-barrières, alors que les groupes de parole induisent une certaine proximité physique.
4. Utilisation systématique des solutions hydro-alcooliques.
Cette mesure doit renforcer les mesures d’asepsie afin de faire barrière au virus.
5. Restructuration du travail associatif.
Les écoles étant fermées, cette mesure doit servir à repenser les plages horaires de travail, pour les personnels qui ont des enfants à charge, comme c’est déjà le cas chez Alternatives-Cameroun, par exemple.
6. Organisation du travail en groupe.
Cette mesure doit favoriser le travail par groupe d’équipes de travailleurs sociaux qui se relaient, afin de ne pas tous se rencontrer en même temps, dans les bureaux des diverses ONG.
7. Prise en compte du coronavirus comme une donne normale.
Cette mesure consiste à faire du coronavirus, une donnée durable, avec laquelle il faudra s’habituer à vivre.
8. Utilisation systématique du masque.
Cette mesure doit devenir obligatoire pour tous, personnels comme usagers.
9. Sensibiliser davantage les personnes LGBTI sur les situations de violences fondées sur l’expression de l’identité de genre.
10. Vivre dans un environnement sécurisé et limiter les sorties intempestives.
Cette mesure permet de réduire le risque de faire de mauvaises rencontres et de se prémunir d’agressions.
11. Renforcer les interventions des acteurs-clés dans la défense des personnes LGBTI.
Les acteurs-clés sont des personnes ou des personnalités qui peuvent intercéder en faveur des personnes LGBTI en raison de leur autorité morale.
Cette mesure peut permettre de palier au manque de ressources humaines, parmi les personnes souhaitant s’engager en faveur des minorités sexuelles.
12. Se déplacer en groupe pour éviter de se retrouver dans des lieux isolés, seul.
13. Eviter les rencontres avec des inconnus dans des lieux peu sécures.
Cette mesure consiste à réduire les situations à risque envers les personnes transgenres notamment.
