Dans cette rubrique, qui est apparue dans le San Diego Gay & Lesbian News, le révérend Canon Albert Ogle fait commentaire au sujet de la Journée annuelle des droits humains, célébrée chaque année le 10 Décembre, et des coalitions aux valeurs partagées.
L’explosion des événements le 10 décembre à l’occasion de la Journée des droits humains sont étonnants. Avec tous les militants LGBT du monde entier qui viennent à New York cette semaine, qui sur terre fait attention au magasin à domicile?
Des événements prodigieux avec témoignages mémorables, et encore plus d’occasions de photos. Mais nous parlons-nous en grande partie l’un à l’autre, à des gens de même opinion, alors que la plupart du monde a fermer notre canal arc-en-ciel? Cette monnaie que nous allons tous nous acquitter à l’occasion de la Journée des droits humains ne serait-elle pas mieux dépensée sur le financement de plusieurs groupes-clé qui ont du mal à avoir des dialogues profonds avec les organisations et les leaders qui dirigent les mouvements anti-LGBT dans la plupart des pays dont nous lisons les propos?
Nous avons tout juste envoyé quelques centaines de dollars en Ouganda le mois dernier afin qu’ils puissent dialoguer avec 30 membres du clergé et des dirigeants Catholiques. Ce fut un succès, et des cœurs et des esprits ont été modifiées afin que plus de gens puissent accéder à plus de services de santé. Je sais que plus pourrait être fait pour aider les militants et les fournisseurs de services de base afin qu’ils soient en mesure de faire plus sur le terrain. Il faut cesser d’avoir des conférences dans des hôtels de luxe dans des villes comme Kampala et financer plutôt des pourparlers locaux et des entreprises communautaires comme le Dialogue Catholique. Mais ce type de réunions sont tout simplement pas affriolants et ne font pas les manchettes, alors à quoi bon?
«Prêchez l’Évangile à tout moment; utiliser des mots si vous devez » (Saint-François)
Mon message pour ce 10 décembre est plein de contradictions. Comment les organisations LGBT qui veulent mettre en évidence les contraventions des droits humains contre les LGBT, le font souvent sans lien spécifique aux délits encore pires des droits humains des populations majoritaires, comme les femmes ou les enfants?
Un récent article de Lester Feder dans BuzzFeed frappe juste lorsqu’il décrit l’impact qu’un grand nombre d’organisations LGBT occidentales a eu sur les brutalités des droits humains en Gambie.
Tout simplement parce que quelques personnes LGBT ont été récemment arrêtés, tout l’enfer s’est déchaîné, et le commentaire de Lester sur la question : «où étions-nous au cours des 20 dernières années?» est une vérification de réalité importante sur notre militantisme sélectif et notre focalisation étroite sur les questions LGBT à l’exclusion des autres causes. Cet activisme sélectif rendra, à long terme, plus difficile l’avancement d’autres questions légitimes des droits civils dans de nombreux pays et provoquera une guerre des ressources à savoir qui obtiendra des fonds et quelles causes resteront désemplies. Cela entraînera aussi une culture «diviser pour régner» que j’ai manifestement vécue en Ouganda, même parmi les organisations que je croyais nos partenaires.
Un exemple : dans la dernière année, nous avons aidé une organisation connue ironiquement du nom Réseau MARPS à obtenir des fonds de la Fondation Arcus pour «les populations les plus à risque». Une fois que les 50 000 $ ont été reçus, ils se sont éloignés de la population et les organisations mêmes qu’ils avaient dupées et convaincues de les soutenir. Le projet de loi anti-homosexualité a créé un esprit d’espionnage et de méfiance au sein même du mouvement LGBT et de ses alliés, mais à ma grande surprise, Arcus a continué de financer le Réseau MARPS. Diviser pour régner est un principe efficace pour les gouvernements, ainsi que pour les organisations LGBT et leurs bailleurs de fonds. Mais, occupés, engagés et voyageurs à travers le monde comme nous tous, ce train vers l’égalité ne se déplace pas.
Si le trou devient plus profond, arrêtez de creuser.
Cette approche de «nos seuls droits humains» des LGBT dans des pays comme l’Ouganda et ailleurs n’a simplement pas marché et le refoulement juridique et populaire des chefs religieux et des politiciens a maintenant conduit à un défi important pour les accords internationaux sur les droits humains en général.
Toute réflexion importante sur la trajectoire de ces cinq dernières années est illuminé par le discours de Hillary Clinton en Décembre 2011 où elle a présenté la nouvelle politique mal préparée des États-Unis que «les droits des homosexuels sont des droits humains.»
L’on a peu à célébrer cette journée pour les gens des pays du Sud global. Les nobles principes de Clinton ont été reçus dans les pays de l’Ouest global avec des applaudissements et, étant donné l’approche des élections, on compte plus de votes LGBT pour Obama.
Après réflexion, nos partenaires dans les pays du Sud global (qui n’ont pas été consultés sur ces stratégies et qui font face à une opposition au sein de leur propre pays encore plus grande et plus organisée) et le gouvernement américain et ses partenaires occidentaux et les bailleurs de fonds ont également omis de leur donner les ressources nécessaires pour combler le tsunami de haine qui a suivi. Notre gouvernement donne un milliard de dollars par an à deux organisations religieuses importantes qui sont anti-gay et qui ont une influence extraordinaire dans tous les pays où les gays sont illégaux. Au lieu de donner une fraction de cette monnaie à des organisations LGBT dans les pays du Sud, le mouvement LGBT (en partenariat avec l’USAID) ne reçoit que quelques millions de dollars annuellement pour un Fonds d’égalité mondial, ce qui est considéré comme un succès, mais nous nous avons encore une fois isolé de la source dominante de l’aide et la politique américaine. Pas question de célébrer.
Nous (les américains) donnons 250 millions de dollars par année à Vision Mondiale qui a récemment refusé des avantages égaux aux partenaires domestiques de son fidèle personnel LGBT, alors que nous nous félicitons d’une levée de fonds d’un ou deux millions de dollars venant du secteur privé favorable aux homosexuels, et cela est considéré chose positive? En tant que contribuable américain, je suis angoissé que nous appuyons des organisations qui nient mes droits dans ce pays et qui ont même une plus grande influence à l’étranger pour nier les droits de millions de personnes LGBT, et que nous les payons pour ce faire!
Pendant ce temps, mes efforts internationaux à l’intention des LGBT doivent être financés par des moyens privé car amplement d’argent du gouvernement américain est retenu pour les organismes anti-gay qui continuent à avoir énormément d’influence à Washington. Est-ce encore un autre exemple de l’échec de cet administration à fournir les ressources nécessaires pour la rhétorique auquelle il croit encore sincèrement ? Pourtant, aucun de ces angles morts ne seront reconnus sur la côte occidentale américaine le 10 décembre.
La triste réalité de cette politique étrangère schizophrène c’est que le message de Secrétaire Clinton a été entendu, pas d’un lieu de solidarité avec les pauvres, négligés et les plus marginalisés dans de nombreux pays où l’homosexualité et l’égalité des sexes sont légalement condamnés, mais on l’a compris comme préconisant des nouveaux droits spéciaux pour des comportements qui sont encore considérés tabou et associés à la décadence occidentale.
Le train de l’égalité dans nombre de ces pays a été exécuté sur un seul rail pour les cinq dernières années. Soit il s’immobilisera ou il tombera complètement à moins qu’une piste parallèle ne puisse être mise et sécurisé son mouvement en avant. Ces pistes parallèles doivent se concentrer sur la prestation de services, le droit à l’accès équitable aux possibilités d’éducation, de santé et d’affaires, et devraient se concentrer davantage sur les questions économiques plutôt que le sexe. Il doit être tempéré par des délibérations avec les dirigeants culturels et religieux qui diffèrent de nous, et si nous avons dépensions plus d’argent à leur parler au lieu de se parler sans cesse les uns aux autres ou au Département d’État ou à l’ONU, notre train pourrait profiter des rapprochements nés du dialogue sur un terrain commun où nous pouvons nous associer avec d’autres qui peuvent être en désaccord avec nous sur les droits des gays, mais qui travailleraient avec nous sur ces questions d’accès. Notre train ne peut pas aller beaucoup plus loin sans coupler nos petites voitures LGBT aux chariots beaucoup plus peuplée des femmes et des enfants qui souffrent et vivent dans des conditions bien pires que celles de beaucoup de personnes LGBT que je connais, même dans des endroits comme l’Ouganda ou le Cameroun.
Si nous avions été cohérents avec nos condamnations des violations des droits humains en Gambie au cours des 20 dernières années, comme le suggère Lester, nous pourrions être mieux reçu et avoir d’alliés que nous avons dans cet enfer fasciste. J’ai visité et vécu personnellement certains des effets de la dictature et de la corruption. C’est un endroit effrayant pour tous et pas seulement pour les LGBT. Multiplier les efforts de Lester 80 fois et nous nous rendons compte que beaucoup plus d’éducation et de renforcement des coalitions seront nécessaire pour que les personnes LGBT peuvent avoir un avenir dans ces pays. Si la moitié de la population de l’Afrique et du monde entier éprouve des inégalités simplement en tant qu’épouses, mères et sœurs, les personnes LGBT ne vivront jamais mieux non plus.
L’homophobie est enracinée dans le sexisme et jusqu’à ce que les femmes et les filles obtiennent plus de droits humains et d’égalité d’accès, le peuple LGBT continuera à vivre dans l’apartheid sexuel et de fournir une distraction pour le travail plus profond de la libération humaine.
Diviser pour régner
Lorsque vous avez un chef religieux bien éduquée comme Justin Welby, archevêque de Canterbury, qui a parlé sur les tombes des chrétiens soudanais il y a quelques mois en affirmant qu’ils ont été assassinés parce que certains d’entre nous veulent le mariage homosexuel dans d’autres parties du monde, la communauté internationale a déjà commencé sa chute sur cette route glissante.
Pour sa première visite en Afrique, il aurait dû condamner toutes les formes de violence, y compris le meurtre d’innocents chrétiens soudanais et des LGBT en Afrique, mais non, l’archevêque nous a opposé l’un à l’autre. Je suis en désaccord complet avec ce qu’il a fait lors de sa visite. Je lui ai écrit à son bureau pour lui fournir plus d’informations et pour lui demander de ne jamais se prononcer comme ça de nouveau. Cependant, le silence de son important bureau était tout simplement une autre indication que le travail acharné de la formation de coalitions pour vaincre la pauvreté, l’ignorance et la violence est encore à ses débuts. Même l’église Anglicane ne parvient pas désespérément à y arriver et, comme notre ancienne Secrétaire d’État bien intentionnée, nos dirigeants aggravent l’environnement pour les gens sur le terrain. Ils pensent aussi qu’ils disent toutes les choses justes, tout comme nous le feront ce mercredi.
Les héros en voie de disparition
J’ai vu les films «Call Me Kuchu» et «Dieu aime l’Ouganda – God Loves Uganda» à plusieurs reprises. Ces films sont une sorte de photographie emblématique de la situation où se trouvait le mouvement il y a environ trois ans. La situation s’aggrave en Ouganda et je vois que plusieurs des dirigeants et des acteurs de ces films se sont déplacés, ou ils sont parti complètement le pays.
Nos alliés hétérosexuels, comme Maxensia Nakibuuka et d’autres jeunes activistes émergents seront laissés seuls pour fournir les services de base et nécessaires dont la communauté indigène aura besoin. La question pour moi aujourd’hui est la suivante: Que faisons-nous pour soutenir et pour construire les coalitions nécessaires au moment où les militants de ces deux films ont disparu, sont à la retraite ou sont épuisés? Dans un délai de trois ans, presque toutes les personnes représentant le mouvement LGBT dans ces deux films, ce qui a représenté une ère courageuse, ne vivra plus en Ouganda. Qui va porter le flambeau? Il y aura certainement un mouvement LGBT, mais nous ne pouvons pas continuer à se parler les uns aux autres lors d’événements de l’ONU et des partis aux cocktails et faire ressortir les mêmes visages et s’attendre que le train puisse continuer à avancer.
Regardez autour de vous et posez-vous ces questions: Que faisons-nous ici? Combien cela coûte? Imaginez ce que vous pourriez faire chez-vous avec cette monnaie. Employer des personnes LGBT ou leur fournir des soins de santé? Comment préparons-nous la prochaine génération de militants? Comment assurer que les leçons apprises au cours des cinq dernières années ne seront pas si étroitement concentrés lorsque nous interprétons le sens des «droits humains» et son rail parallèle de «valeurs communes»?
Cette rubrique est écrite par le révérend Canon Albert Ogle, vicaire de Saint-Pierre, Lithgow, à Millbrook, dans l’État du New York aux États-Unis. Ogle est bien connu dans le monde entier pour son travail favorisant les droits des LGBT et pour ses efforts de prévention du VIH. Il est président de la Fondation St. Paul pour la réconciliation internationale, basée à San Diego en Californie. Cliquez ICI pour faire un don pour le travail de la Fondation.