Afrique subsaharienne

RD. Congo : Nouvelles intimidations envers un défenseur des droits humains à Bukavu

Déjà attaqué le 14 novembre 2024 à la sortie de la station radiophonique de FAN FM (91.4 MHz), Alphonse Mihigo Ombeni, directeur et fondateur de l’Action pour la Lutte Contre l’Injustice Sociale (ALCIS), s’est à nouveau fait agresser et délester de ses effets, le 21 octobre dernier aux alentours de 21h00.

Pour 76crimes il livre les circonstances de son récit ainsi que les actions qu’il a entreprises consécutivement à cet énième exaction, à Bukavu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, aux mains des rebelles du M23.

Alphonse Mihigo a été blessé suite à un guet-apens à Bukavu le 21 octobre (@alphonsemihigoombeni)

Les circonstances de l’agression

Alphonse Mihigo Ombeni : « J’ai été agressé à la sortie de la radio FAN FM qui appartient au député Amani Ngubiri, un notable. Je situe mon agression un peu avant 21h00. Les faits ont eu lieu à proximité de l’Institut Pédagogique de Bukavu, au niveau des escaliers. Ce n’est pas très loin de mon domicile.

J’ai été chahuté, puis ensuite les assaillants m’ont ravi mon téléphone ainsi que la sacoche contenant mon ordinateur. Ils m’ont frappé à la tête ».

76crimes : « Pour vous rendre à la station de radio vous aviez un ordinateur portable sur vous ? »

Alphonse Mihigo Ombeni : « En effet, à la sortie du bureau après une journée de travail, je suis passé à la radio au lieu de déposer mes affaires à la maison, afin de gagner du temps, mais mal m’en a pris ».

76crimes : « Il s’agit donc d’une agression crapuleuse ? »

Alphonse Mihigo Ombeni : « La dimension crapuleuse existe, mais ce n’était pas un vol opportuniste. Aussi, pense-je avoir été reconnu par mes agresseurs, car des gens souhaitent ma perte en tant qu’activiste favorable aux droits des minorités sexuelles et de genre. De surcroît je m’exprime sur les ondes d’un média.

Le fait que Bukavu soit tenue aux mains des rebelles du M23 depuis le 16 février dernier empire la situation ».

Les mesures entreprises consécutivement à l’attaque

76crimes : « Avez-vous été à l’hôpital ou avez-vous déposé plainte suite au braquage violent dont vous avez fait l’objet ? »

Alphonse Mihigo Ombeni : « Je n’ai pas été déposé plainte. Ici ce n’est pas facile. Il peut y avoir des représailles. Il suffit que quelqu’un stipendie un rebelle pour demander l’exécution d’un contrat pour que l’on passe de vie à trépas.

Puis les églises locales vouent les personnes LGBT+ aux gémonies et l’on est traité de sorciers.

J’accuse depuis plusieurs mois les églises d’agir dans l’ombre pour faire taire des gens [NDLR : dans un précédent article en date du 13 juillet 2025, Alphonse Mihigo accusait explicitement le pasteur l’Eglise Sainte-Montagne à Ibanda, ainsi que le pasteur Daniel Tchibo de l’Eglise Rehema d’appel à la haine sur les ondes radiophoniques de la station Sauti ya Rehema (Voix de la Miséricorde en français)].

Sur place en réponse à mon agression, l’ALCIS a alerté d’autres organisations de défense des droits humains, parmi lesquelles, l’Initiative Congolaise pour la Justice et la Paix (ICJP), SOS Information Juridique Multisectorielle (SOS IJM), mais aussi Agir Ensemble pour les Droits Humains (AEDH), à l’international ou encore Solidarité Internationale LGBTQI+.

Raphael Wakenge de l’ICJP dont il est le coordinateur est venu me rendre visite à l’hôpital pour m’apporter des conseils. Ainsi, il m’a recommandé de mettre fin à mes emissions à la radio. Quant au responsable de SOS IJM , il ne s’est pas déplacé, car leurs bureaux sont actuellement fermés. Les organisations basées à l’étranger ont pris acte de la situation ».

Un futur en pointillés

76crimes : « Que comptez-vous faire par la suite ? »

Alphonse Mihigo Ombeni : « Il est probable que cette violence ait raison de nous et que nous allions devoir déménager nos bureaux pour d’autres lieux ».

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