Le jeudi 3 juillet, le parc Kyriakides de Yaoundé s’est mué en une véritable scène culturelle, vibrant au rythme d’un spectacle haut en couleurs et placé sous le signe de la tolérance, avec pour thème : « Pour un milieu artistique inclusif et non discriminatoire ».
Théâtre, musique, slam et danse ont illuminé cette soirée riche en émotions, organisée par la plateforme Unity, un réseau regroupant 39 organisations de la société civile, résolument engagées dans la promotion des droits humains et de la santé.
L’événement était coordonné par CAMFAIDS, une organisation communautaire investie dans la lutte contre le VIH, les maladies infectieuses et en faveur de la défense des droits des populations vulnérables.
Par Jean-Jacques Dissoke
Les raisons d’être de la manifestation
Lors de son intervention, Michel Engama, président de ladite plateforme a rappelé la vocation de cette initiative : offrir une journée de célébration artistique, ainsi qu’un hommage vibrant à la créativité sous toutes ses formes. Il a également dénoncé les barrières qui empêchent encore trop de personnes de pouvoir s’exprimer librement en raison de leur expression de genre, d’une situation de handicap ou d’autres formes de discrimination, alors même qu’elles sont porteuses d’un immense talent. Pour lui, cette journée permet à ces voix souvent réduites au silence de s’affirmer, non seulement aujourd’hui, mais aussi dans le futur.
Il a également souligné que chaque être humain mérite vie et dignité avec un accès universel à la santé, indépendamment de sa condition sociale ou de son orientation amoureuse, plaidant pour un monde artistique plus accueillant, équitable et ouvert à toutes les diversités.
Un constat encore peu reluisant
De son côté, Ebenezer Munkam, responsable de l’activité d’observatoire des droits humains à la CAMFAIDS, a indiqué que cette initiative répond à un besoin urgent : lutter contre la stigmatisation persistante dans le show business. « Qu’il s’agisse de la musique, de la danse, de la mode ou de la gastronomie, le monde artistique n’est pas épargné par les discriminations », a-t-il rappelé, insistant sur l’importance d’événements comme celui-ci pour promouvoir un écosystème culturel plus juste, plus représentatif et réellement inclusif.
Une scène partagée par des talents venus des quatre coins du Cameroun
Danseurs, slameurs, chanteurs et artistes vivant avec un handicap se sont retrouvés sur une même scène, venus des différentes régions du pays. Dans une atmosphère empreinte de chaleur et de convivialité, ils ont offert au public un moment d’émotion et de partage, salué par des applaudissements nourris d’une audience entièrement conquise, à l’instar de Smadar Kalmar, une expatriée levantine présente au Cameroun depuis plusieurs mois.
Une scène d’émotion et d’engagement
Originaire de Garoua, l’artiste Franck Talla a exprimé sa gratitude d’avoir participé à l’événement : « Participer à un événement soutenu par CAMFAIDS est toujours un honneur pour moi. Le public ici m’est cher. En tant qu’artiste, je me fais le messager de l’amour. Orphelin moi-même, je me sens intimement lié aux causes touchant les plus vulnérables. Si mes chansons peuvent ne serait-ce qu’effleurer la vie de quelqu’un de manière positive, alors je chante sans hésitation ».
Quand l’art devient vecteur de changement
Ainsi, bien plus qu’une simple performance scénique, cette initiative impulsée par CAMFAIDS et ses partenaires a rappelé la puissance de la culture comme vecteur de transformation sociale. En donnant une voix et une visibilité à tous les talents, sans distinction, elle contribue à faire tomber les barrières, à combattre les stigmatisations et à bâtir une société plus égalitaire, empreinte de respect et de dignité.
L’auteur de cet article, Jean Jacques Dissoke, est un miitant et journaliste camerounais. Contactez-le à info@76crimes.com.

