Parmi les migrants et les exilés qui traversent la Méditerranée se trouvent également des personne LGBT+ en recherche d’un avenir plus radieux ailleurs, souvent loin de chez eux.

Cet article s’appuie sur des renseignements fournis par des militants des droits humains vivant au Cameroun. Pour des raisons de sécurité les personnes concernées ont demandé à pouvoir être anonymisées.
Les causes du départ
Ali (pseudonyme), un Camerounais gay de 25 ans, ne se sentait plus en sécurité dans son pays d’origine en raison de son orientation sexuelle. Au Cameroun, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont prohibées. C’est ainsi qu’il a cherché refuge en Europe, mais face à plusieurs refus de visas de la part des pays européens, il a décidé d’emprunter la route périlleuse de la Méditerranée qui implique de voyager en traversant le Sahara, en passant par des pays instables tels que le Tchad et la Libye, avant de rejoindre la Tunisie qui constitue la dernière étape avant l’eldorado européen.
Le 17 mars, à Sfax, en Tunisie, Ali et 55 autres migrants ont donc pris la mer à bord d’un petit canot pneumatique, dans l’espoir de rejoindre la petite île italienne de Lampedusa. Mais après seulement quelques heures en mer, le bateau a commencé à prendre l’eau et lorsque les sauveteurs transalpins prêtèrent secours à la petite embarcation, à 20 kilomètres des côtes, il ne restait plus que 10 survivants. Au total, seuls 6 corps ont pu être récupérés, tandis que les 39 autres ont disparus, dont celui d’Ali.
Des tragédies qui se répètent
Cette histoire met en lumière une tragédie silencieuse qui se répète tout au long de cette dangereuse route migratoire. La veille du drame, ce sont environ 600 personnes qui avaient été interceptées en mer par les garde-côtes tunisiens et 18 corps avaient été retrouvés sans vie. Pour la seule année 2024, l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) avance la fourchette baisse de 2 200 morts en mer, sans compter les personnes laissées livrées à elles-mêmes dans le désert, vouées à une mort quasi-certaine.
Pour les amis d’Ali restés au pays, à l’instar de Myar (pseudonyme), la nouvelle de sa disparition a fait l’effet d’un choc : « J’ai eu l’information par l’intermédiaire d’une connaissance en commun qui n’a pas pu monter à bord du canot pneumatique ce soir-là. Aujourd’hui, nous sommes dévastés de l’avoir laissé partir », déclare-t-il.
Des morts évitables
Pour remédier à cette situation, l’OIM demande instamment à Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, de mettre en œuvre des mesures concrètes pour protéger la vie des exilés. Dans une lettre ouverte, l’organisation demande à Frontex d’utiliser ses moyens de surveillance aérienne (avions et drones) pour transmettre systématiquement aux ONG la localisation des embarcations en détresse, envoyer rapidement des alertes d’urgence et garantir une assistance rapide et adaptée.
« En tant qu’institution composée d’agents publics qui prétendent “se soucier des gens”, il est temps que Frontex démontre sans équivoque sa volonté d’agir humainement », indique le communiqué.