Depuis août 2024, bien avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, la Russie qui a fait de l’homophobie et de l’opposition aux droits LGBT+ un outil de softpower, a décidé de franchir un nouveau pas, en se désignant comme un refuge alternatif pour tous les homophobes et les transphobes originaires des pays occidentaux aux mœurs libérales. En outre, ce nouveau dispositif maintient l’interdiction de visa de séjour long sur le territoire de la Fédération de Russie pour les personnes séropositives.

La Russie a l’homophobie la plus pointue du monde
Pour rappel, la Russie a voté une loi qui réprime « la propagande LGBT+ » auprès des mineurs en 2013, puis en 2022, cette interdiction a été élargie à toute « propagande des relations sexuelles non traditionnelles « y compris dans l’univers du cinéma et de la culture ou encore sur internet. Entre temps, en 2020, la Russie a défini dans sa constitution le mariage comme étant l’union d’un homme et d’une femme à l’article 72 (alinéa 1). Enfin, depuis 2023, la Russie a prohibé les transitions de genre. L’an dernier, la Russie a cette fois-ci étendu sa législation à l‘interdiction de l’adoption d’enfants russes par des ressortissants de pays autorisant les transitions de genre, plaçant le pays de Vladimir Poutine à la tête des États ayant les législations les plus pointues contre les avancées des droits LGBT+ dans le monde.
La Russie veut être l’épicentre de l’agenda anti-LGBT+
Le dernier aboutissement de cette volonté n’est autre que le décret présidentiel n°702 signé par Poutine en personne, le 19 août 2024, instituant un visa « idéologique » dit « visa pour les citoyens étrangers partageant les valeurs spirituelles et morales traditionnelles russes », ouvert aux ressortissants de 47 pays occidentaux, à l’exception de la Hongrie de Victor Orban qui vient d’interdire la marche des fiertés de Budapest et de la Turquie conservatrice de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir depuis 22 ans. Le Japon, Taïwan et la Corée du sud sont également inclus, tout comme les territoires d’Outre-mer britanniques, tandis que les pays africains, arabes et latino-américains en sont exclus, y compris la République sud-africaine :
« La délivrance de visas conformément au paragraphe 4 du décret n’est possible que pour les citoyens des pays suivants figurant sur la liste des États et territoires étrangers mettant en œuvre des politiques qui imposent des attitudes idéologiques néolibérales destructrices contraires aux valeurs spirituelles et morales russes traditionnelles, approuvée par l’ordonnance du gouvernement de la Fédération de Russie du 17 septembre 2024 № 2560-r ».
Une séquence internationale très difficile pour les droits LGBT+
Dans les faits ce nouveau visa ouvre droit pour les immigrés des pays concernés à un permis de séjour temporaire de 3 ans, renouvelable, avec la possibilité d’obtenir une résidence permanente, sans requérir au préalable une maîtrise de la langue russe, alors que dans le même temps, « la Russie a placé le «mouvement international LGBT» sur sa liste des personnes déclarées «terroristes et extrémistes»», selon nos confrères du journal Libération.
Cette nouvelle séquence s’inscrit dans une montée des politiques LGBTphobes dans le monde et singulièrement dans les pays proches ou alliés à la Russie, tels que le Burkina-Faso ou le Mali qui ont récemment criminalisé l’homosexualité respectivement en fin 2024 et en ce début d’année.