Afrique subsaharienne

Cameroun : Une lesbienne se cache après avoir été menacée par la famille de son amante

Cette histoire, à l’instar de nombreuses autres vient illustrer la difficulté de vivre son homosexualité dans une certaine discrétion au Cameroun, y compris pour les femmes lesbiennes. A chaque instant, le regard social, la famille et le moindre petit détail laissant trahir une homosexualité peuvent tout briser et mettre à mal un couple, une histoire, un amour. A chaque fois, la violence prend le pas sur le dialogue, en vue de faire taire toute acceptation sociale du saphisme.

Le monument patriotique du Cameroun est un lieu de rassemblement populaire du quartier d’Odza à Yaoundé, la capitale (@Ocamer.com).

Par Steeves Winner

Bérénice (pseudonyme) est recherchée par la famille de sa compagne, Jacqueline (pseudonyme), accusée d’avoir engrainé cette dernière dans une relation saphique.

Une histoire qui a pourtant bien commencé

Bérénice est âgée de 37 ans environ et vivait dans la localité de Nsimalen dans grande banlieue de Yaoundé, où elle exerçait en tant que commerçante. Aussi, elle était en couple avec Jacqueline de 5 ans sa cadette et originaire du quartier d’Odza. Jusqu’alors le couple filait le parfait amour depuis plusieurs mois, sans jamais faire parler de lui : vestiaire très féminin, sociabilité, attitude omnivalente.

Pourtant les ennuis commencent lorsque les deux jeunes femmes décident de s’installer ensemble, dans le même appartement, ne supportant plus la distance qui les sépare. Mais très vite, chaque visite des membres de la famille de Jacqueline donnait lieu à un flot de questions :

« Pourquoi partagez-vous la même chambre ? » « Ta copine a-t-elle un compagnon ? » « Quand nous présenteras-tu ton soupirant ? »

L’immixtion de la famille dans le couple

En réalité, ces derniers auraient souhaité la voir aller aménager chez un homme qui l’aurait marié pour qu’elle puisse fonder une famille, contrairement à sa copine, Bérénice. Ce sujet alimentait tant les gorges chaudes et les réflexions que les deux femmes étaient de plus en plus soupçonnées d’être lesbiennes.

Le 14 février lors de la Saint Valentin, le frère cadet de Jacqueline de passage à leur domicile découvre fortuitement une lettre d’amour destinée à sœur, posée sur la table. Prenant connaissance du contenu, il découvre qu’elle est signée de Bérénice et en déduit que les rumeurs qui faisaient rage étaient donc fondées.

Sans tarder, toute la famille est informée et les menaces à l’encontre de Bérénice fusent, l’accusant d’être animée des pires intentions et de vouloir détourner Jacqueline de l’hétérosexualité.

Une histoire d’amour brisée

Celle-ci acculée est même sommée de retourner au domicile parentale, tandis que ses frères aînés se sont lancés dans une expédition punitive à la recherche de sa compagne, sans succès jusqu’à présent. Mais jusqu’à quand ?

Actuellement, à l’heure où sont écrites ces lignes, Bérénice est toujours introuvable.

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