Afrique subsaharienne

Cameroun : les États-Unis mettent fin aux programmes de lutte contre le VIH laissant peu d’alternatives aux personnes LGBT+

Avec le démantèlement de l’agence américaine de l’aide au développement USAID et la suppression de facto de la plupart des services d’assistance pour lutter contre l’épidémie du VIH au Cameroun, la plupart des usagers de santé gays et trans, ainsi que les travailleuses du sexe sont obligés de se tourner vers le système de santé général où le personnel n’est pas formé à l’accueil de ce nouveau public. Une évolution qui ne va pas sans heurts.

Cette camerounaise est une patiente du programme de lutte contre le sida « Key Interventions to Develop Systems and Services for Orphans and Vulnerable Children » (KIDSS), financé par l’USAID et géré par la Catholic Relief Services ainsi que la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Photo de @CRS).

Par Steeves Winner

Plusieurs cliniques médicales soutenues par les États-Unis au Cameroun ont fermé en raison du gel de l’aide étrangère américaine, privant les patients LGBT+ de soins dispensés par un personnel formé pour pouvoir accueillir les minorités sexuelles et de genre.

A présent, les patients LGBTI ayant besoin d’un traitement anti-VIH sont obligés de se tourner vers des cliniques publiques et privées où les membres du personnel sont souvent homophobes. Bien qu’ils aient besoin de médicaments anti-rétroviraux anti-VIH, de nombreux Camerounais LGBT+ sont réticents à être exposés à la stigmatisation homophobe dans ces cliniques.

La suspension de l’aide américaine au Cameroun est le résultat d’un décret imposé par l’administration du président américain Donald Trump, qui a gelé le financement des principaux programmes de santé pour une durée de 90 jours, notamment le programme de lutte contre le VIH/sida PEPFAR et celui de l’Initiative présidentielle américaine contre le paludisme (PMI). Ce gel, justifié par les responsables républicains comme faisant partie d’une réévaluation des priorités budgétaires des États-Unis, a mis en évidence la vulnérabilité des systèmes de santé locaux qui dépendent de ces fonds.

Au Cameroun, de nombreux patients bénéficient d’un traitement et d’un suivi soutenus par l’aide étrangère étatsunienne. Or, à présent cette suspension menace la continuité des soins pour les patients atteints du VIH/sida, de la tuberculose et du paludisme, avec un risque accru d’interruption de traitement, notamment chez les patients LGBT+. Aussi, le gel des financements pourrait également entraîner la fermeture de services de soins adaptés ainsi que la désorganisation des chaînes d’approvisionnement médicales, mettant en péril des années de progrès dans la lutte contre ces maladies pathologies et le VIH, en particulier.

En attendant, au quotidien, désormais les patients LGBT+ sont amenés à devoir se tourner vers d’autres centres de soins où le personnel est généralement moins bien formé à l’accueil des minorités sexuelles, avec une certaine perméabilité à l’homophobie.

Ainsi, un jeune patient gay prénommé Yann (pseudonyme), a récemment été rudoyé par le personnel des établissements de santé publics et privés qui n’ont pas l’habitude de recevoir ce type de public.

Par contre, déclare-t-il, « le projet PEPFAR a été une aubaine pour nous autres gays. Dans les cliniques financés par le gouvernement américain nous recevions des soins gratuits et de qualité qui commencent à être regrettés sur le terrain ».

Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un activiste camerounais. Contactez-le à info@76crimes.com.

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