Face à la suspension des fonds américains pour la prévention et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA, le ministre camerounais de la Santé publique, le Dr Manaouda Malachie, a annoncé un plan pour pouvoir assurer la continuité des activités de soins et de soutien, notamment à travers le redéploiement des ressources existantes et la recherche de financements alternatifs auprès d’autres donateurs, tels que l’Union Européenne ou les agences de l’ONU.
Par Steeves Winner
La suspension des fonds du Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR) a été annoncée en janvier comme étant temporaire, dans l’attente de pouvoir évaluer si elle correspond aux politiques américaines telles qu’envisagées par la nouvelle administration de Donald Trump. Même si le flux de financement venait à reprendre, les répercussions sur le système de santé et les actions humanitaires risquent de se faire sentir pendant encore longtemps, ce qui pourrait nécessiter une réorganisation des stratégies nationales pour assurer la continuité des soins et la résilience du système de santé camerounais.
Tel est le sens de la dernière sortie du Dr Manaouda Malachie : « Le gouvernement a rapidement mené une évaluation complète de l’impact direct et potentiel de cette suspension sur les programmes de lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme, et a identifié des mesures d’atténuation à court, moyen et long terme pour assurer la continuité des activités de lutte contre les trois maladies », a déclaré le ministre camerounais de la santé publique.
Pour l’heure, Dr Malachie invite les structures de santé à maintenir leurs services. Cependant, ces assurances restent floues sur le plan financier et logistique, et les ONG locales s’inquiètent quant à la capacité réelle du pays à pouvoir absorber une telle perte.
Enfin, la suspension du financement américain au Cameroun met en évidence la vulnérabilité de l’aide humanitaire et des systèmes de santé aux décisions politiques étrangères. Si des solutions d’urgence sont en cours d’élaboration, elles restent néanmoins insuffisantes et semblent peu pérennes. Aussi, cette situation oblige les autorités camerounaises et les ONG locales à repenser en profondeur leur modèle de financement et d’intervention, sous peine de mettre en danger des milliers de vies.
Cette suspension de 90 jours intervient peu après la publication par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) d’un rapport faisant état de 3 220 nouveaux cas de VIH/SIDA enregistrés au Cameroun en 2024. Entre temps, le personnel associé à ces projets a été placé en chômage technique pour une durée de 6 mois. Quant aux patients sous traitement ou en attente de traitement, ils demeurent dans l’expectative, bien que le gouvernement camerounais ait promis de continuer à leur fournir des médicaments gratuits.
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un journaliste camerounais qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-le à steeves.w@yahoo.com.
