Accusé de financement du terrorisme au service du combat en faveur des droits LGBT+, Maître Alice Nkom évoque un climat de chasse aux sorcières au Cameroun organisée par ses contempteurs, dont l’Observatoire du Développement Sociétal et le ministre camerounais de l’Administration territoriale (Paul Atanga Nji). Aussi, elle menace de poursuivre ses activités à l’extérieur du pays si les poursuites diligentées par le parquet à son encontre ne prenaient pas fin.

Avocate inscrite au barreau de Douala depuis 56 ans et seconde femme devenue avocate dans son pays, Maître Alice Nkom se retrouve au coeur de la tourmente en étant accusé de « financement du terrorisme » au service de la cause LGBT+ – une accusation portée par les plus hautes autorités du pays en la personne du ministre de l’administration territoriale, ainsi que par une ONG locale de lutte contre la corruption – bien qu’aucune preuve n’ait été apportée à ce jour pour pouvoir étayer de pareilles allégations.
Déclarant n’avoir « même pas un peu peur » desdites accusations qui pèsent sur elle, Maître Alice Nkom, combattive, a menacé de traduire en justice les auteurs de cette manœuvre devant les enquêteurs, alors qu’elle devait répondre d’un interrogatoire devant les limiers de la police judiciaire.
Aussi, sentant l’étau se renfermer sur elle, elle déclare ne plus vouloir continuer à travailler dans un environnement où ses « droits fondamentaux sont constamment violés », alors que le Réseau des Défenseurs des Droits de l’Homme en Afrique Centrale (REDHAC) qu’elle préside a récemment vu ses activités de plaidoyer en faveur des minorités sexuelles et de genre suspendues, en raison de soupçons de blanchiment d’argent et d’activités portant atteintes à la sûreté de l’Etat camerounais.
Le medium en ligne camerounais Camer.be a publié récemment un compte-rendu d’interview quant à la réponse de Maître Alice Nkom face aux graves aux accusations dont elle est l’objet :
CAMEROUN : Alice Nkom répond à sa convocation : « Je n’ai pas peur, je vais contre-attaquer »
Me Alice Nkom, célèbre avocate et défenseure des droits humains au Cameroun, a répondu avec fermeté à sa convocation à la gendarmerie suite à une plainte déposée par une obscure association l’accusant de financement du terrorisme. Lors d’une interview, elle a balayé ces accusations, affirmant qu’elle n’a « même pas peur un peu » et promettant de contre-attaquer en justice. Cette affaire, qui mêle enjeux politiques et judiciaires, soulève des questions sur la liberté d’expression et les méthodes utilisées pour intimider les opposants.
Une convocation controversée
Me Alice Nkom a été convoquée à la gendarmerie après qu’une plainte ait été déposée contre elle au tribunal militaire par une association dont l’identité et les motivations restent floues. Cette plainte l’accuse de financer le terrorisme, une accusation grave qui, selon elle, est infondée et vise à la discréditer.
Interrogée par un journaliste sur sa réaction face à cette convocation, Me Nkom a répondu avec son franc-parler habituel : « Peur ? Même pas peur un peu. S’ils voulaient me faire peur, ils se sont trompés. On ne me fait pas peur en faisant des grimaces genre singe devant moi… On peut me faire rire, c’est vrai. Mais peur, non. »
Une contre-attaque judiciaire annoncée
Me Alice Nkom ne compte pas se laisser intimider. Elle a rappelé que, selon la loi, accuser quelqu’un de crimes graves sans preuves expose l’accusateur à des poursuites pour dénonciation calomnieuse. « Quand vous portez contre une personne des accusations aussi graves que le financement du terrorisme sans pouvoir en produire les preuves, vous donnez ainsi un bâton en or à la personne accusée pour vous asséner des coups et vous faire subir les peines que vous vouliez lui infliger », a-t-elle déclaré.

Dans la foulée, elle a annoncé son intention de déposer des plaintes contre les commanditaires de cette accusation, notamment contre Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale. « J’espère qu’au moment venu, Atanga Nji ne va pas fuir la justice. On verra s’il est assez courageux pour venir m’affronter devant la justice », a-t-elle ajouté.
Un contexte politique tendu
Cette affaire intervient dans un contexte politique tendu au Cameroun, où les voix critiques du régime sont souvent réduites au silence. Me Alice Nkom, connue pour son engagement en faveur des droits des LGBT+ et des opprimés, est régulièrement prise pour cible par les autorités.
Lors de l’interview, elle n’a pas mâché ses mots concernant le président Paul Biya, qu’elle accuse de mentir à répétition. « Paul Biya ment. Quand quelqu’un vous ment à plusieurs reprises et que vous continuez à l’écouter, c’est que vous aimez la souffrance », a-t-elle affirmé, exprimant son désenchantement face à la politique camerounaise.
Les réactions de l’opinion publique
Les déclarations de Me Alice Nkom ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, où de nombreux Camerounais ont exprimé leur soutien à l’avocate. Les hashtags #AliceNkom et #JusticePourAlice ont rapidement trendé, rassemblant des milliers de messages de solidarité.
Pour beaucoup, cette affaire est un exemple des méthodes utilisées par le régime pour intimider les opposants et les défenseurs des droits humains. « Me Nkom est une héroïne. Elle ne se laissera pas faire, et nous sommes derrière elle », a commenté un internaute.
Me Alice Nkom, face à des accusations qu’elle qualifie de calomnieuses, a choisi de contre-attaquer avec détermination. Son courage et son refus de se laisser intimider envoient un message fort à ceux qui tentent de la réduire au silence.
Cette affaire met en lumière les défis auxquels sont confrontés les défenseurs des droits humains au Cameroun, ainsi que les tensions politiques qui secouent le pays. Espérons que la justice saura faire la lumière sur cette affaire et que Me Nkom pourra continuer son combat pour les droits et la justice.