« La Martinique, île aux fleurs », « la Martinique gué ! » Pourtant derrière l’image d’Epinal, la Martinique traverse une intense crise sociale contre la vie chère qui impacte la capacité des activistes qui militent contre l’homophobie à intervenir sur le terrain, tandis que le coût de la vie continue d’augmenter avec les blocages et que les actes de dégradations LGBTphobes persistent.

Pour 76crimes, Brice Armien-Boudré, le co-président de Kap Caraïbe nous décrypte ce qui se passe.

Le climat de violence permet l’expression de la haine

Brice Armien-Boudré : « Entre le 23 septembre et la première décade d’octobre à l’espace Camille Darsières à Fort-de-France, une exposition baptisée « Lanmou-nou » (notre amour en créole) d’une dizaine de photos d’artistes de Martinique, de Guadeloupe et de la diaspora célébrait pour la toute première fois dans l’espace public martiniquais, l’amour dans sa diversité en mettant en scène des clichés affectueux de personnes LGBT+ antillaises.

Or malheureusement, le jeudi 3 octobre, elle a donné lieu à des actes de vandalisme inqualifiables qui s’inscrivent dans un contexte de revendications sociales et de tensions autour du coût de la vie depuis le 1er septembre, dans une île où d’aucuns ont l’impression d’être méprisés par les autorités de l’Hexagone, faute d’être entendus.

En tant que force de progrès de la Martinique, Kap Caraïbe suit l’actualité des mobilisations sociales contre les politiques d’austérité qui visent les Outre-mer, sans cautionner néanmoins les actes de violences qui émaillent la Martinique depuis 2 mois et dont l’exposition conçue par l’artiste Adeline Rapon a fait les frais.

Durant les semaines où le mouvement social était le plus dur, à l’instar de l’ensemble des martiniquais, Kap Caraïbe a dû ajuster ses activités, reporter ou annuler certains déplacements, en favorisant le télétravail. Aujourd’hui, l’on assiste à un semblant de retour à la normale, bien que la contestation perdure.

Pour l’heure, encore sous le choc de l’annulation de notre programmation artistique au mois de juin dernier et par la récente destruction de l’exposition « Lanmou-nou« , nous optons pour la plus grande prudence ».