Il s’agit ici du deuxième article d’une série consacré aux détenus arrêtés le 30 septembre dernier à Douala, lors d’une descente de police au sein des locaux d’Alternatives Cameroun, une organisation de lutte contre le VIH qui milite également en faveur de la défense des droits des personnes LGBT+. Cet article qui détaille les conditions d’incarcération des prisonniers est consécutif aux observations d’un avocat qui a constaté un état de dénutrition sévère de ses clients.

Par Steeves Winner
Un procès qui se profile
Sur les 13 personnes interpelées fin septembre, encore 4 demeurent derrière les barreaux du centre pénitencier de New Bell à Douala, dans l’attente d’un procès prévu pour le 13 novembre, pour « complicité d’homosexualité » où ils risque jusqu’à 5 ans de prison :
- Denis Watonawa, conseiller psychologique pour Alternatives Cameroun ;
- Oumarou Ousmanou, éducateur pour les pairs ;
- Fotie Zidane, éducateur pour les pairs ;
- Hermine Ngo Ndaptie, responsable du centre d’accueil ;
En attendant, la santé des 4 personnes qui seront déférées se dégrade. D’ailleurs, leur avocat s’inquiète autant de l’orientation de l’enquête que des visages émaciés et des corps amaigris de ses clients.
Soulager la détention
Aussi, le journaliste et militant des droits humains Jean Jacques Dissoke a proposé que le Projet Pas Seul (également connu sous le nom « Project Not Alone« ) leur fournisse des vivres.
Il s’agit d’un projet d’initiative lancé en 2019 par la Saint-Paul’s Foundation for International Reconciliation, afin de venir en aide aux personnes détenues au Cameroun et au Nigéria du seul fait de leur orientation sexuelle.
Ainsi, en sensibilisant notre lectorat dont les dons servent à payer les amendes ou à acheter de la nourriture et des articles d’hygiène, nous nous engageons à soulager les conditions d’incarcération des profils qui ont retenu notre attention.
Depuis 5 ans, c’est près de 46 prisonniers LGBT qui ont pu obtenir une libération anticipée grâce au projet Pas Seul – Not Alone.
Par exemple, récemment, à l’aide des 174 dollars USD récoltés, Jean-Jacques Dissoke a pu fournir des œufs, du sel, de l’huile de cuisson, des cacahuètes, du chocolat, du riz et du savon auprès des 4 détenus de la prison de New Bell.
Tandis qu’ils ont reçu des médicaments grâce à l’association JAPSSO, ainsi qu’une assistance psychologique coordonnée par l’organisation Positive-Génération.
Le devenir des personnes précédemment arrêtées
Parmi les autres personnes qui ont eu la chance d’être relâchées, figure un jeune usager mineur de 17 ans qui a accusé Denis Watonawa d’avoir eu des rapports sexuels avec lui, afin d’être libéré.
Par ailleurs, selon Alternatives Cameroun, la mère de ce jeune « a refusé tout contact avec son fils et a déclaré que l’association était responsable de la « destruction de la vie de son enfant ». En outre, elle était visiblement encore sous le choc et aurait elle-même besoin d’un soutien psychologique ».
Steeves Winner, l’auteur de cet article, est un journaliste camerounais qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-le à steeves.w@yahoo.com.
Pingback: Cameroun : 4 détenus homosexuels demandent leur libération provisoire | 76 Crimes en français
Pingback: Cameroun: 2 autres détenus obtiennent une libération provisoire | 76 Crimes en français
Pingback: Entretien avec le rédacteur en chef d’Erasing 76Crimes | 76 Crimes en français