Afrique subsaharienne

Les défis en lien avec la dépénalisation de l’homosexualité en Afrique

Par Jean Jacques DISSOKE

L’Afrique est confrontée à de nombreux défis socio-culturels, politiques et religieux en ce qui concerne la dépénalisation de l’homosexualité. Malgré les progrès réalisés dans certaines régions du monde en matière de reconnaissance des droits LGBT+, de nombreux pays africains maintiennent encore des lois sévères qui criminalisent les relations entre personnes de même sexe. Cette situation entraîne des conséquences graves pour les personnes LGBT+ en Afrique, qui font face à de la stigmatisation, à de la violence et à de la discrimination au quotidien. Dans cet article, nous examinerons les défis majeurs en lien avec la dépénalisation de l’homosexualité en Afrique, ainsi que les obstacles qui entravent la reconnaissance des droits des personnes LGBT+ sur le continent.

L’homosexualité reste criminalisée dans 31 des 54 pays africains, même si la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ci-dessus) a appelé les pays à protéger les minorités sexuelles de la violence et à créer un « environnement exempt de stigmatisation, de représailles ou de poursuites pénales » envers les minorités sexuelles et les défenseurs des droits LGBT+.

1. Préjugés et Normes Sociales :

Les préjugés profondément enracinés et les normes sociales conservatrices jouent un rôle majeur dans la perpétuation de la criminalisation de l’homosexualité en Afrique. Dans de nombreuses sociétés africaines, l’homosexualité est considérée comme contraire aux valeurs culturelles et religieuses traditionnelles, ce qui rend difficile tout effort visant à changer les lois existantes. La peur de l’altérité et le manque de sensibilisation aux questions LGBT+ contribuent à maintenir les attitudes hostiles envers les personnes LGBT+ et à alimenter la discrimination.

2. Pressions religieuses :

Les institutions religieuses jouent souvent un rôle central dans la perpétuation de la stigmatisation de l’homosexualité en Afrique. Dans de nombreux pays, les leaders religieux influents condamnent fermement l’homosexualité et utilisent leur autorité morale pour promouvoir des lois strictes contre les relations entre personnes de même sexe. Les discours homophobes et les interprétations littérales des textes religieux contribuent à renforcer les attitudes négatives envers les personnes LGBT+ et à justifier ainsi la persécution des minorités sexuelles.

3. Législations répressives :

La plupart des pays africains ont des lois qui criminalisent l’homosexualité, souvent héritées de l’époque coloniale. Ces lois, qui criminalisent généralement les actes sexuels entre personnes de même sexe, sont souvent utilisées pour justifier la discrimination et la répression à l’égard des personnes LGBT+. Les peines prévues pour les personnes reconnues coupables d’homosexualité vont de l’emprisonnement à la peine de mort, ce qui crée un climat de peur et d’oppression.

Des Angolais issus des communautés LGBT+ manifestent pour leurs droits. Le groupe de défense LGBT angolais Iris Angola, fondé en 2015 et reconnu par le gouvernement en 2018, compte désormais environ près de 200 membres. (Photo d’Iris Angola)

4. Manque de soutien politique :

Dans de nombreux pays africains, les politiciens sont réticents à soutenir publiquement la dépénalisation de l’homosexualité en raison de pressions sociales et politiques. Les dirigeants politiques craignent souvent de perdre le soutien des électeurs conservateurs en prenant parti en faveur des droits LGBT+. En conséquence, la dépénalisation de l’homosexualité est souvent reléguée au second plan, malgré les appels de la communauté internationale à une réforme des lois discriminatoires.

5. Violence et Discrimination :

Les individus LGBT+ en Afrique sont confrontés à des niveaux alarmants de violence et de discrimination en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Les attaques physiques, les arrestations arbitraires, les agressions sexuelles et les actes de harcèlement sont monnaie courante. Cette violence et cette discrimination exacerbent les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes LGBT+ et rendent la lutte pour leurs droits encore plus difficile.

En conclusion, la dépénalisation de l’homosexualité en Afrique est confrontée à de nombreux défis, allant des préjugés sociaux profondément enracinés, aux pressions politiques et religieuses. Pour progresser vers une société plus inclusive et respectueuse des droits de l’ensemble des citoyens, il est essentiel de sensibiliser et d’éduquer sur les questions LGBT+, de lutter contre la stigmatisation et la discrimination et de promouvoir des réformes législatives visant à protéger les droits des individus des minorités sexuelles et de genre en Afrique.

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