Afrique subsaharienne

Cameroun : Un directeur d’école fait preuve de compréhension envers deux élèves lesbiennes

Par Courtney Stans

La journée de la jeunesse est un festival organisé chaque année le 11 février au Cameroun pour célébrer le potentiel de chaque jeune citoyen du pays. Mais pour deux lesbiennes, la préparation des festivités s’est révélée un peu plus compliquée, entre anxiété et compassion.

Défilé lors de la journée de la jeunesse en 2015 au Cameroun. (Credit : @achelchaikof.com)

Les activités prévues lors de la Journée de la jeunesse au Cameroun comprennent défilés et kermesses, dédiées à la collecte de fonds pour des œuvres caritatives, le tout rythmé par des danses et des sketches où les étudiants échangent en plaisantant.

Ce 09 février au lycée d’Essazok, en banlieue de Yaoundé, un surveillant s’est retrouvé nez à nez avec deux adolescentes – qu’on appellera ici Ody et Ada – éprises l’une de l’autre, bras dessus, bras dessous, dans un recoin de l’établissement.

Elles ont été immédiatement conduites au bureau du directeur en toute discrétion, afin de ne pas attirer l’attention de la foule venue assister aux festivités.

Un témoin oculaire de la scène nous a rapporté le dialogue entre les 2 filles et le chef d’établissement.

Le directeur : « Que faisiez-vous ? »

Scène au Lycée d’Essazok

Ne sachant que répondre, les mises en cause restent coites avant de s’effondrer en sanglots. Puis, après quelques instants, elles s’expliquent :

Ody : « Je m’appelle Ody. J’ai 18 ans et je suis en seconde [au lycée d’Essazok] ».

Ada : « Je m’appelle Ada. J’ai 17 ans et je suis également en classe de seconde. Nous sommes amies et nous sortons ensemble. Nous étions en train de nous embrasser ».

Stupéfait de ce qu’il vient d’entendre, le directeur essaie de réorganiser ses idées.

Le directeur : « Vous êtes lesbiennes ? »

Puis, avec bienveillance, il leur enjoint de changer de comportement afin d’éviter les lynchages qui sont monnaie courante au Cameroun envers les élèves de la communauté LGBT. Aussi, il ajoute que cela leur éviterait de plus amples problèmes avec leurs familles, ainsi qu’un risque de rejet et de déscolarisation préjudiciable.

Les deux jeunes filles penaudes ont accueilli avec soulagement ces propos, car d’ordinaire l’homosexualité est synonyme de renvoi dans les établissements scolaires au Cameroun.

Elles ont ensuite pu rejoindre leurs camarades en étant prévenues qu’un prochain avertissement leur vaudrait une sanction assortie d’une exclusion définitive du lycée.

L’auteur de cet article, Courtney Stans, est une miitante et une journaliste camerounaise qui écrit sous un pseudonyme. Contactez-la à info@76crimes.com.

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