
L’est de la République Démocratique du Congo est en proie à de vives tensions entre le Congo et le Rwanda où des affrontements entre bandes armées ont cours depuis près de 30 ans.
Aujourd’hui, c’est la présence même de la mission de maintien de l’ordre des Nations-Unies qui est remise en cause (MONUSCO*), avec des populations de plus en plus nombreuses appelant à leur départ, en raison en autres de scandales à caractère sexuel et de la persistance de l’insécurité dans le sud-Kivu.
Pourtant, c’est dans ce contexte que des situations de mise en esclavage de personnes transgenres sont répertoriées.
Pour 76crimes, nous avons été interviewé Jérémie Safari de l’organisation Rainbow Sunrise Mapambazuko/LGBTI dont la sécurité avait été récemment fortement compromise.

Jérémie, peux-tu nous décrire la situation ?
« Depuis juin 2022, alors que les bureaux de notre organisation ont été attaqués dans la région de Bukavu précédemment et que nous avons dû procéder à un déménager forcé, nous voici contraints d’héberger en urgence 7 femmes trans, au sein de nos locaux administratifs inadaptés à ce type de concours de circonstances.
Il s’agit de 7 femmes trans issues de Walungu et de ses environs dans le sud-Kivu. Elles ont été contraintes de quitter leur district, car elles étaient réduites en état d’esclavage par les chefs coutumiers de leurs villages.
Depuis des années, ces personnes vivaient un quotidien misérable abreuvées d’injures, de quolibets et de menaces, ponctué de jets de roches.
Cependant la situation de discrimination a dégénéré en persécution avec notamment des sévices sexuels et des mutilations. La servitude est venue ensuite ».
Comment en est-on arrivé là ?
« La population reproche à ce groupe de 7 personnes de transgresser les normes et coutumes locales ainsi que de vivre de façon contre-nature. On les accuse pêle-mêle d’empoisonner les champs, de rendre les sols infertiles et plus largement d’ensorceler la population.
Leur mort en place publique sur un bûcher incandescent était une demande de longue date de certains membres de la communauté de Walungu et c’est en alternative à cette mise à mort que les chefs coutumiers ont suggéré de réduire en servitude ce groupe de 7 personnes trans, pour pouvoir les faire travailler sur un terrain de 2 hectares.
Au bout de 4 jours, elles ont fui et ont marché durant 30 kilomètres à pied pour pouvoir rejoindre les faubourgs de Bukavu ».
Comment êtes-vous entré en contact avec elles ?
« C’est un membre de notre organisation qui les a repérées, alors qu’elles étaient prises à parti par des jeunes. Certaines d’entre elles nous étaient également déjà familières et avaient déjà eu à travailler avec nous par le passé. Elles ont été lestées de nombreux objets dont leurs téléphones. C’est la chance qui nous a permis d’effectuer une prise en charge, même précaire ».
Vous pouvez soutenir Jérémie Safari en faisant un don ici.
* Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo
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