Les États-Unis ont choisi un diplomate chevronné pour pouvoir occuper le poste d’ambassadeur au Cameroun. Cependant, aux yeux de nombreux Camerounais, il s’agit d’un diplomate avant tout gay, avant d’être américain. Si des militants des droits LGBTQ au Cameroun ont salué cette nomination; de nombreuses personnes hostiles aux droits LGBTQ ont exprimé leur réprobation.

Le Sénat américain a confirmé ce samedi la nomination de Christopher John Lamora. Il s’agissait de l’une des dizaines de nominations d’ambassadeurs du président démocrate Joe Biden qui étaient les victimes collatérales de la paralysie du Congrès, en raison d’un bras de fer avec les élus républicains du sénat emmené par la figure texane dissidente de Ted Cruz, opposé à l’ouverture d’un gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne.
Plus de trois douzaines de nominations d’ambassadeurs ont finalement été approuvées ce samedi, alors qu’un vote relatif au projet de loi de Ted Cruz sur les pipelines est prévu à l’étude à compter du mois prochain. Lorsque la nomination de Christopher John Lamora a été annoncée en avril dernier, Maître Alice Nkom, éminente avocate camerounaise spécialisée dans la défense des droits LGBTQ, s’en était alors félicitée.
« Incroyable Joe Biden. Nous t’aimons ! « avait-elle déclaré. « Bienvenue, Ambassadeur Christopher Lamora ! Bienvenue au Cameroun, terre de tolérance, d’hospitalité et de fraternité ! «
Malgré ses paroles accueillantes et chaleureuses, le Cameroun se montre réticent à l’endroit des personnes LGBTQ. L’homosexualité au Cameroun est en effet punissable d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. Ainsi, Shakiro, une célébrité trans sur les réseaux sociaux et sa partenaire ont été condamnées à cinq ans de prison en mai dernier. Il a fallu l’aide de Me Alice Nkom, pour qu’elles puissent être libérées sous caution en juillet dernier, dans l’attente d’un procès en appel.
Après l’annonce de la nomination de Christopher John Lamora, le prêtre catholique Etienne Bakaba de Douala au Cameroun a exhorté le gouvernement camerounais à refuser énergiquement cette nomination.
« Déjà en 2015, le pape a refusé un ambassadeur gay au Vatican. Est-ce que l’État camerounais ne devrait pas refuser l’accréditation de l’ambassadeur gay que Joe Biden nous envoie ? Pour rappel, l’homosexualité est un crime selon la loi camerounaise, la loi naturelle divine », déclare Bakaba.
Christopher John Lamora, qui assume ouvertement son orientation sexuelle, a comparu devant une commission sénatoriale américaine en juin et a remercié son mari, Eric, de son soutien.
Ainsi, lors d’une marche des fiertés qui s’est tenu au Ghana en 2019, il s’est décrit comme » fier d’appartenir à la communauté LGBT mondiale. »
« Être une personne LGBT n’est pas toujours chose facile. Je le sais. Entre les premiers émois que l’on ressent à l’enfance et la prise de conscience d’une identité LGBT, la peur et le doute nous guette et nous sommes tenaillés par de nombreuses questions au quotidien très jeune. Nos familles et nos amis nous accepteront-ils tels que nous sommes, et nous soutiendront-ils et nous aimeront-ils, quoi qu’il arrive ? Serons-nous à l’abri de ceux qui ressentent le besoin de nous brimer ? Serons-nous en mesure d’occuper un emploi décent et d’avoir une carrière épanouissante ? Et si nous venions à réussir professionnellement, risquons-nous également de tout perdre un jour, du seul fait de notre identité ? »
Il évoque l’amélioration et les progrès dans la condition LGBT ainsi : « Si je m’installe dans un nouveau pays et que je me retrouve soudain à devoir superviser une ambassade avec 700 nouveaux collaborateurs, comment vais-je leur dire que j’ai un mari à la maison ? Il n’y a pas si longtemps, à l’échelle de l’histoire, je n’aurais même pas pu me poser cette question. Lorsque j’ai rejoint le département d’État (notre ministère des affaires étrangères) en 1991, les personnes LGBT qui faisaient leur « coming out » risquaient de perdre leur habilitation de sécurité, ce qui signifiait souvent la perte de leur emploi. »
En juin dernier, lors de son audition au sénat, Christopher John Lamora mentionnait au sujet du Cameroun la nécessité de devoir « faire un travail substantiel pour pouvoir promouvoir la démocratie et les droits humains ». Mais il s’est surtout concentré sur d’autres questions, à commencer par les défis auxquels le pays est confronté en raison de la violence qui règne dans les régions périphériques du pays, qu’il s’agisse du Nord soumis aux raids de Boko Haram ou de l’Ouest anglophone en plein soulèvement contre la gouvernance de Paul Biya.
Précédemment, Christopher John Lamora a occupé le poste de chef de mission adjoint à l’ambassade des États-Unis à Accra, au Ghana. Par le passé il a également occupé le poste de secrétaire adjoint par intérim pour l’Afrique centrale avec une expertise sur les questions de sécurité au sein du Bureau des affaires africaines du Département d’État. En 1992-1993, il a servi au consulat général des États-Unis à Douala, au Cameroun. Christopher John Lamora connait aussi la Centrafrique et la République démocratique du Congo où il a occupé des fonctions de diplomate de haut rang. De ce fait, il est polyglotte et il est à même de s’exprimer aussi bien en anglais, qu’en français, en espagnol ou en grec.
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